• Notre civilisation serait-elle malade d'agitation ?

    Notre civilisation serait-elle malade d'agitation ?

     

    Extrait du livre Décroissance ou décadence de Vincent Cheynet, pages 176 et 177 :

    Dans un excellent et amusant petit traité, le docteur Serge Marquis propose de réfuter le "développement personnel" tant à la mode et ne faisant qu'alimenter la dynamique du toujours plus, pour une "décroissance personnelle". Ce médecin canadien décrit l'agitation névrotique comme une véritable maladie de civilisation : "certains humains préfèrent les sensations générées par l'agitation de Pensouillard (même si c'est de la souffrance) à la joie profonde qu'apporte la paix de l'esprit. Confondant "être excité" avec "être vivant", ils préfèrent n'importe quelle forme d'agitation au silence dans la tête." Bien entendu, ces personnes qui fuient à travers la suractivité présentent généralement leur psychopathologie comme la vertu de l'esprit travailleur. L'agitation névrotique constitue pourtant la destruction du travail dans son sens le plus noble qui est celui d'oeuvrer.

    Parallèlement à se poser, la chose la plus simple, à la portée de tous, est de couper le robinet de la propagande. Cette désintoxication est la condition de tout. Jetez votre télé, coupez l'insupportable matinale de France Inter. [...] Soyons lucides : la majeure partie des informations que nous recevons ne nous concerne en rien. Ce flot de paroles est juste destiné à soulager notre angoisse existentielle. Or la première des écologies devrait être celle du silence, pour retrouver la capacité à se confronter à sa vie intérieure, pour se sentir exister. À quoi bon, en effet, vivre vieux, si c'est pour être réduit à l'état larvaire devant une télévision ou en ayant l'esprit distrait par du blabla ? Une base de l'objection de croissance est le refus du bougisme et du bruit. Mais, à l'image de l'immobilité, le silence nous fait peur. "Dans un monde qui bouge l'immobilisme est un désordre" : cette phrase de sagesse bien involontaire a été prononcée par Maurice Lévy, mon ancien patron du groupe de publicité Publicis, propriété d'Elisabeth Badinther. L'immobilité comme le silence sont devenus subversifs, car ils sont une invitation à réfléchir à notre condition. Combien de personnes, pour fuir leurs angoisses, sont dans l'agitation névrotique ? Une psychopathologie aux multiples dégâts. Ces mêmes "malades du boulot" assimilent ensuite leur névrose au travail. Oeuvrer, ce n'est pas être dans le bougisme, bien au contraire. On peut très bien s'agiter par paresse de faire face à sa condition humaine. Si on accepte l'immobilité, le constat de l'absence de sens de la société de consommation survient forcément. Le silence est aussi une invitation à créer [...]. "On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste." est une des phrases les plus célèbres, pour ne pas dire fondatrices, de l'objection de croissance. C'était le sous-titre de L'An 01, bande dessinée de Gébé publiée en 1972.

     

    Plus d'infos :

    => Article Décroissance ou décadence (+vidéo)

    => Article L'urgence de ralentir (+ vidéos)

    => Livre Pensouillard le hamster de Serge Marquis

    Il s'appelle Pensouillard. C'est un hamster. Un tout petit hamster. Il court. Dans une roulette. A l'intérieur de votre tête. Vous fait la vie dure. Vous la rend même impossible, parfois. Euh. Souvent.

    Certains jours, il court plus vite que d'autres. Certaines nuits, il vous empêche carrément de dormir. « Personne ne me comprend. » « Que vont-ils penser de moi ? » « J'aurais donc dû ! » « Pourquoi elle a un chum et pas moi ? » « Pourquoi tout le monde y arrive et pas moi ? » Pauvre, pauvre petit hamster.

    Derrière le tapage incessant de Pensouillard se cache votre ego - celui-là même que les guides de croissance personnelle vous apprennent à cajoler. Face aux petits bobos et aux gros tracas de la vie, il vous fait souffrir, vous leurre, vous empêche d'être libre. Comment le remettre à sa place ?

    Dans un style vivant et plein d'esprit, le Dr Serge Marquis vous invite à observer les mouvements de votre ego. A vous amuser de ses pitreries. Puis, à ralentir pour trouver la paix. Étape par étape, l'auteur vous guide dans une aventure inattendue, celle de la décroissance personnelle. Une démarche à contre-courant à la fois divertissante et libératrice. Car un petit pas de moins pour Pensouillard, c'est un grand pas de plus pour vous.

     

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