-
Pensées autour de la Décroissance
« On ne peut pas échapper au désastre écologique par le capitalisme industriel. J'en appelle à André Gorz : “La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre...” »
John Burnside, romancier et poète écossais, auteur de l'Eté des noyés (éditions Métailié, 8-2014), Marianne, 24 août 2014.
« L'utopie aujourd'hui c'est de continuer à penser qu'une croissance économique infinie soit possible dans un monde fini. Les rêveurs ou les affabulateurs sont ceux qui entretiennent cet espoir. »
Yves-Marie Abraham, professeur au département Management HEC de Montréal, 2014.
« On devra trouver autre part que dans l'attente d'une croissance effrénée une réplique à la montée des inégalités, à la fracture croissante entre villes et campagnes, à l'exclusion des moins qualifiés, bref au malaise social qui couve. »
Yves Morvan, professeur émérite des universités, ex président du Conseil économique et social régional de Bretagne, « Ne plus compter sur la croissance », Sud-Ouest, 19 août 2014.
« Le gros mot d'aujourd'hui qui est une forme de “décroissance”. Je crois à ça vraiment fondamentalement. Je crois que on ne peut pas l'éviter et je crois que c'est être moderne en fait que d'essayer de réfléchir à ça et de réfléchir comme ça. Je pense que ce n'est pas du tout être passéiste mais bien au contraire se placer dans son temps. »
Emily Loizeau, chanteuse et compositrice, France inter, 17 août 2014.
France inter, 14 août 2014 :
« La décroissance, un concept selon lequel l’excès de croissance est néfaste pour l’environnement, et plus globalement, l’humanité, peut-elle être une option ? »
Thomas Coutrot, économiste et statisticien, chef du département « conditions de travail et santé » à la DARES au Ministère du Travail et de l'Emploi :
« La croissance infinie dans un monde fini est une absurdité. Il faut que nous organisions nos économies autrement »
« La croissance est une infamie. Les publicitaires ont créé la confusion entre croissance et activité. Et vive le journal La Décroissance, dont le dernier numéro passe une belle avoinée au philosophe de la croissance, Luc Ferry ! »
Bernard Maris, économiste, membre du conseil général de la Banque de France, Charlie Hebdo, 2-7-2014
« Le graal de tous les hommes politiques c’est la croissance, la croissance, la croissance. Mais la croissance obéit à une loi terrible qui est la loi exponentielle. Une croissance de 3% par an, qui serait le rêve de nos dirigeants, si elle est soutenue pendant 25 ans, elle produit un doublement de nos dépenses économiques. Et la terre est finie, nos ressources sont finies. »
Serge Haroche, prix Nobel de physique, France info, 13 avril 2014.
Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie : « En marge de la crise : émergence d'une frugalité choisie" » avril 2014.
« Le choix d’une moindre consommation
et du “consommer mieux” se diffuse. N’est-on pas au début d’une nouvelle phase, celle de la frugalité, née à la fois de la mise en place
d’une norme sociale écologique et d’un ralentissement durable du pouvoir d’achat ? Si la crise conduit au report d’achats de biens durables, les questions relatives au bien-être, au bonheur et à la mise en place d’une slow economy émergent. Cela se traduit, pour une partie croissante de consommateurs, par le choix d’une frugalité volontaire. Après le bien-être matériel, l’argent, la réussite sociale et la sécurité physique, d’autres préoccupations prennent ainsi de l’importance : le temps libre, la réalisation de soi et plus généralement le sens de la vie. »Nasa : « Les changements technologiques augmentent l’efficacité des ressources, mais aussi la surconsommation »
« Pour éviter ce scénario noir [un effondrement de notre civilisation], encore faudrait-il modifier radicalement nos habitudes pour mettre fin à la fois à la surconsommation, et réorienter nos politiques afin de rendre la répartition des richesses plus équitable. En somme, un programme décroissant et anti-capitaliste que l'on ne s'attendait pas à voir issu de la Nasa. » Le Nouvel observateur, 19-3-2014.
« C’est l’union sacrée (...) de l’extrême gauche à l’extrême droite c’est la croissance. On ne diverge que sur les moyens de la stimuler (...) Seuls les écologistes questionnent la nature de la croissance mais ils ont abandonné le discours qui conteste sa nécessité. Ils préfèrent parler d’une autre croissance ou d’une croissance soutenable plutôt que de la remettre en cause de façon trop explicite. (...) [Les objecteurs de croissance] opposent à leur tour un principe de réalité lui aussi imparable. ( ...) En réalité, quoi que l’on pense de leurs thèses, ce sont eux les vrais révolutionnaires. Ils le sont beaucoup plus que ceux qui se présentent comme radicaux à gauche de la gauche ou à la droite de la droite. »
Michel Blay, Président du Comité pour l’histoire du CNRS, journal du CNRS, 31 janvier 2014« La course permanente à l’innovation qui implique de relever de multiples défis technologiques, de la biologie de synthèse aux nanotechnologies (on peut rajouter autre chose…), conduit inévitablement à l’épuisement des ressources et à la pollution. Parallèlement, nous sommes confrontés à la solitude au travail dans l’oubli du sens des métiers et dans l’automatisation normalisée des gestes. Nous nous épuisons également. (...) L’innovation, devenue ces derniers temps “innovation permanente”, c’est donc toujours, dans un cas comme dans l’autre, du plus à consommer et à produire. »
Marie Duru-Bellat, professeure de sociologie à Sciences Po-Paris, Observatoire des inégalités, 27 février 2014.
« En premier lieu, il faut prendre à bras le corps la question de la décroissance, même s’il s’agit d’une notion taboue politiquement, difficile à promouvoir. Pourtant, chacun sait aujourd’hui qu’elle est incontournable - dans un monde fini, on ne peut compter sur l’accroissement de la taille du gâteau - et qu’elle n’a de sens que couplée avec une redistribution des richesses. Le défi est alors de convaincre à la fois les Etats et les personnes, ce qui exige des institutions, des régulations et des mobilisations se situant à des niveaux différents. »
« Là encore je vous conseille de poursuivre la réflexion dans le journal La Décroissance. Un article sur un livre Les Couleurs de l’inceste écrit par le psychanaliste Jean-Pierre Lebrun explique en quoi les sociétés libérales, fondées sur la croissance, sont des sociétés qui, selon lui, opèrent symboliquement la levée de l’interdit de l’inceste par une idéologie qui est celle du refus des limites. »
Natacha Polony, Europe 1, 5 février 2014.
« La croissance ne relève ni du mythe ni de la volonté d'hommes politiques ou de chefs d'entreprise. Elle est, dans son immense majorité, le produit d'un apport énergétique. »
Vincent Cheynet, rédacteur en chef de La Décroissance, Le Berry républicain, 7 janvier 2014.
« Progrès, que ton nom soit sanctifié »
Par Pierre Thiesset, éditeur et journaliste, à lire dans le numéro de décembre de La Décroissance (105) :« Le 23 novembre 2013, dans le temple du Cnit (Centre des nouvelles industries et technologies), le Parti socialiste réunit quelques dizaines de dévots pour réactiver la foi dans le Progrès face aux idéologies du déclin. Voici une petite sélection des lieux communs déversés par ces perroquets interchangeables, idolâtres de la Croissance, de l'Innovation, de la Recherche, de la Compétitivité, de la Science et de la Technique. Un seul mot d'ordre : mobilisation générale pour le PIB. Une rhétorique qui se prétend à la pointe de la modernité, mais que Bernard Charbonneau démontait déjà dans son livre Le Changement »« Si nous voulons éviter cette sorte de carnage que nous recontrerons si nous atteignons les niveaux d’émission prévus par la science, la réduction du carbone doit être conduite soigneusement vers ce que Anderson et Bows décrivent comme une “ immédiate et radicale décroissance aux Etats-Unis, en Europe et autres nations bien-portantes.” »
NewStatesman, 29-10-2013. Kevin Anderson est le responsable du Tyndall Center, en Grande-Bretagne, un des principaux centres de recherche sur le climat.
« Le modèle actuel est insoutenable. C’est pourquoi il nous faut bien réfléchir autrement. Je plaide pour une décroissance sélective qui repose sur le fait de s’interroger sur nos véritables besoins. Promouvoir une forme de “tempérance solidaire” peut devenir un moyen pour un projet de société passionnant, pour mieux vivre ensemble. »
Cécile Renouard, économiste, auteur de Éthique et entreprise, pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire, (éditions de l’Atelier, 2013) , La Croix, 21 novembre 2013.
« Il faut vite abandonner le dogme de la croissance »
Pierre Rabhi, France Info, 14 octobre 2013.
« Nous pensons que notre manière actuelle de vivre est normale, bien qu’elle soit en fait une aberration dans l’histoire humaine. »
Joseph Tainter, auteur de L’Effondrement des sociétés complexes, (éditions Le Retour aux sources, 2013), La Décroissance n°103, octobre 2013. En kiosque
Bernard Charbonneau, 1990, Le Changement, aux éditions le pas de côté, octobre 2013.
« Notre modèle de prospérité actuel, basé sur la croissance, n’est pas viable à long terme. »
Niko Paech, professeur d'économie à Oldenburg, Arte, reportage de 52 minutes « Moins c'est mieux », 1er octobre 2013 (voir ici)
« Plus de productivisme, ou de consumérisme, ne peut pas guérir les mots du productivisme. (...) Le progrès technique a engendré non pas une économie mais au contraire une augmentation des consommations. »
Jacques Blamont, astrophysicien et père du programme aérospatial français, à lire dans La Décroissance d'octobre 2013.
« C’est donc, dès maintenant, non pas seulement une “croissance zéro” comme l’avait proposé le Club de Rome, mais une décroissance de la consommation des plus riches qui est nécessaire. »
Albert Jacquard (23-12-1925-11-9-2013), Mon utopie, éds Stock 2006.« [Les principales organisations environnementales] ont fait plus de dégâts que les négationnistes climatiques de droite. Si on a perdu tellement de temps, c’est bien à cause d’elles (…) le niveau de réduction des émissions dont nous avons besoin dans les pays développés est incompatible avec la croissance économique. (...) Nous avons globalisé un modèle économique insoutenable d’hyperconsommation. Il se répand dans le monde avec succès, et il nous tue. (…) Les groupes environnementalistes n’ont pas été les spectateurs de ce phénomène, ils en ont été les partenaires. Ils voulaient en faire partie. »
Noami Klein, Earth Island Journal traduit par Reporterre.net
« Mais au fait, pourquoi croître ? Et comment le faire au sein d’un monde fini ? Le “toujours plus” est-il seulement possible ad vitam aeternam quand nous naviguons sur un esquif qui a ses limites ? À force de puiser dans les soutes de la terre, nous allons évidemment en épuiser les réserves. Un enfant le comprendrait. (...) La croissance, déesse moderne, est marchande d’illusions. (...) Si chacun n’a dans l’idée que de voir croître le niveau de sa propre abondance, d’épaissir le matelas de son confort et de sa consommation, il n’y a pas de raison que cette course sans fin et sans frein s’arrête autrement que dans une catastrophe. »
Bruno Frappat, journaliste, La Croix, 13 septembre 2013
« Aujourd'hui, l'Etoile (la croissance) s'est éteinte. L'étymologie nous aide à décrire l'état qui en résulte : c'est un "dés-astre". Les avocats de la décroissance, pour qui j'ai de l'affection, ne prennent pas assez la mesure du dilemme où nous sommes. On ne prive pas un drogué de sa drogue du jour au lendemain. On ne renonce pas à sa foi sans souffrance. »
Jean-Pierre Dupuy, philosophe, professeur à l'université de Stanford (Californie), « La "Croissance" sans fin », Le Monde, 8 septembre 2013.
« Les gens qui possèdent les journaux sont des capitalistes. (...) J’attends que l’on qualifie tous les éditorialistes, rédacteurs en chef et chroniqueurs de “journalistes engagés” parce que jour après jour, ils répandent une vision du monde dans laquelle la croissance est absolument indispensable. (...) La question écologique oblige, si on la prend au sérieux, à remettre en cause le système en place. »
Hervé Kempf, journaliste, Libération, 5 septembre 2013.
« Je parle beaucoup à mes enfants de la sobriété et de la décroissance. C’est nécessaire en tout point. »
Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, Libération, 4 septembre 2013.
Jeff Rubin, ex directeur des marchés mondiaux de la banque d’investissement CIBC, auteur de La Fin de la croissance (éd. Hurtubise, 2012). La Décroissance n°102, septembre 2013.« Le coût à trois chiffres du baril de pétrole change la limite de vitesse de la croissance économique. Cela est vrai aussi bien pour les soi-disant BRICs – comme la Chine, qui était autrefois habituée à une croissance de 10 % mais qui ne connaîtra bientôt qu’une croissance à un rythme moitié moindre – que pour l’Europe ou l’Amérique du Nord. Où que vous regardiez, la croissance économique d’aujourd’hui est une fraction de ce qu’elle était avant la dernière récession et avant que le baril ne passe les 100 dollars. »
Dominique Bourg, philosophe, ex « pape » français du développement durable.
Dominique Bourg : « - Pourquoi ai-je cru au développement durable ? Parce que j’avais envie d’y croire (...) j’ai fini, et bien d’autres avec moi, par changer d’avis.
Revue Moins! (n°6, juillet 2013 - Suisse) : - Faut-il éviter d’employer publiquement le mot “décroissance” (...) ?
- Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il faille l’employer... »
La Fabrique de l’homme pervers, de Dominique Barbier, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute spécialisé dans l’aide aux victimes, éditions Odile Jacob, 2013.« Vivre dans le mythe de la croissance va, bien entendu, détruire la planète. Ce mythe de l’exponentielle croissance qui va tout résoudre est une résurgence de croyance du XIXe siècle dans le progrès économique qui devait fonder, en parallèle, le progrès de l’humanité. Ne faudrait-il pas plutôt travailler moins pour vivre mieux, consommer moins et réfléchir plus ? Cette décroissance aurait au moins le mérite de sauvegarder notre écosystème. »
« Il nous faut penser une société, une économie, en décroissance, en récession. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont des gens de bonne volonté. Je les connais, je les ai côtoyés pendant des années à l’Assemblée, mais ils ont des toiles d’araignée dans la tête... »
Yves Cochet, eurodéputé Europe Ecologie - les Verts, Marianne, 15-6-2013.
« La “décroissance” doit devenir la vérité de tout socialisme moderne. Ce concept invite, en effet, à remettre radicalement en question la logique d’un monde fondé, disait Marx, sur la seule nécessité de “produire pour produire” et donc de transgresser sans cesse “toutes les limites morales et naturelles”. »
Jean-Claude Michéa, L'Humanité, 15 mars 2013
Caroline Castets du Nouvel Economiste (19 mars 2013) au sujet d'Olivier Berruyer, auteur de Les faits sont tétus
« Mauvaise nouvelle : le Père Noël n’existe pas. Et puisqu’on en est aux vérités qui fâchent : la croissance ne repartira pas. (...) “ (...) après l’explosion de la croissance qui a caractérisé les Trente Glorieuses et l’explosion de la dette qui a caractérisé les trente années suivantes, il devient impératif d’inventer autre chose car désormais nous ne pouvons plus miser sur aucun de ces ressorts.” Reste à penser un autre modèle économique ; sans croissance ni dette. Autrement dit, à renoncer au “confort du toujours plus”. Chiche ? » « J'essaye de dire aux politiques : on est en récession optez pour la décroissance, si vous décidez de la piloter cela se passera mieux. »
François Paul-Pont, économiste, professeur à l'Institut Supérieur de l'Enseignement Privé de Polynésie, Les Nouvelles de Tahiti, 22 mars 2013. Téléchargez gratuitement le livre Et si on devenait raisonnables de François Paul-Pont sur cette page internet : http://issuu.com/francoispaulpont/docs/fpp1
Harald Welzer, sociologue auteur de Les Guerres du climat, Libération, 21-3-2013« Je pense qu’il existe des moyens très efficaces d’inverser les choses : extraire moins de ressources, consommer moins d’énergie, consommer moins tout court. (...) Si nous voulons éviter un stress ingérable à l’avenir, en tant que consommateurs, nous devons changer nos modes de vie, renoncer aux idéaux du rêve américain et convaincre les hommes politiques que nous aspirons à autre chose que ce que le modèle consumériste du XXe siècle a forgé dans l’inconscient collectif de la plupart des sociétés. Des modes de vie soutenables, la décroissance… sont des pistes très enthousiasmantes. A nous de les explorer. »
« Dominique Bourg [...] enseigne à l'université de Lausanne. Il fut longtemps le conseiller politique de Nicolas Hulot (...). Or, dans le numéro de février du mensuel (...) “La Décroissance”, il sonne le tocsin. Il n'hésite pas à parler d'effondrement. “Aujourd'hui, souligne-t-il, nous faisons face à une dégradation continue de la biosphère, un appauvrissement continu des ressources. L'ensemble des écosystèmes s'affaiblit. […] Nous n'avons jamais connu une période aussi difficile dans l'Histoire.” Un peu plus loin, il ajoute : “Tous nos modes de vie, toute la société reposent sur des flux de matières et d'énergie sans cesse croissants. Or ces ressources sont en voie d'épuisement, et notre consommation d'énergie perturbe le système biosphère. Sans décroissance de ces flux de matières et d'énergie, on ne s'en sortira pas.” »
« Tout écologiste qui ne remet pas en cause la croissance et le progrès technologique et social, n'a finalement que peu de divergences de vue avec le plus libéral des économistes. (...) La pratique de l'écologie, respectueuse des ressources, de la biodiversité, des équilibres systémiques et biologiques, impose la remise en cause de la croissance. »
Alban Vétillard, ingénieur centralien, metamag.fr, 12-2-1013, auteur de Croissance et Ecologie, concilier l'homme avec la société de demain, éditions Sang de la Terre, 2013.
« Le PIB [Produit intérieur brut], qui est un indicateur de flux, est une arme de destruction de la planète. »
Chantal Jouanno, sénatrice UDI de Paris , Europe 1-LCP (Assemblée nationale), 7-12-2012.
Michael Kumhof, co-responsable de la modélisation au sein du Fonds monétaire international (FMI), sur le site Oil Man (lemonde.fr) du journaliste Matthieu Auzanneau« Au FMI, dans notre dernière étude, nous avons seulement simulé ce qu'il pourrait se passer lorsque le déclin s'amorcera, quelle que soit la date du pic [prévu avant 2030]. (...) Supposons qu'à partir d'un certain point dans le futur, la production mondiale de pétrole déclinera de 2 % par an chaque année durant un certain nombre d'années. (...) Selon notre modèle, le taux de croissance économique serait réduit chaque année de presque 1 % aux Etats-Unis et dans la zone Euro. 1 % par an, c'est en soi énorme. Au bout de 20 ans, cela voudrait dire que le PIB serait d'environ 20 % inférieur à la tendance antérieure. »
« Je suis également antilibérale et favorable à la décroissance. »
Natacha Polony, journaliste, Ragemag, 12 novembre 2012.
« Ce qui s’impose à nous c’est une régression globale de la consommation matérielle. »
André Gorz, journaliste et co-fondateur du Nouvel Observateur, entretien rediffusé sur France Inter les 20 et 21 novembre 2012 à l'émission Là-bas si j'y suis (écouter ici).
« Il nous faut maintenant choisir entre la décroissance ou le clash. »
Dominique Bourg, professeur de l'université de Lausanne, Les Echos, 6-11-2012.« Pour remonter le moral des Français, il faudrait leur dire d’arrêter de regarder la voiture du voisin ou le salaire du président, qu’ils ont de la chance de vivre sur ce territoire qu’ils amochent, et qu’ils devraient songer, je ne dis pas à faire leur pain et cultiver leurs légumes, mais à s’adapter à la décroissance... »
Raymond Depardon, photographe, Télérama, 29-8-2012.
Cornelius Castoriadis, philosophe et psychanalyste français d'origine grecque (1922-1997), à réécouter à l'émission de Daniel Mermet du lundi 10 septembre 2012.« On est rentré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines (...) c’est un des très grands thèmes, il faut apprendre à s’autolimiter, individuellement et collectivement, et la société capitaliste maintenant est une société qui, à mes yeux, court à l’abîme de tous les points de vue, parce que c’est une société qui ne sait pas s’autolimiter. Une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s’autolimiter. L’imaginaire de [notre] époque est très loin de cela. Et c’est cet imaginaire de l’expansion illimité, de l’accumulation (...) c’est cela qu’il faut détruire. Tout dépend de ça. »
Mathieu Glayre et Yvan Luccarini, rédacteurs de « Moins! - journal romand d’écologie politique »« Les gens voient que quelque chose ne fonctionne pas. Mais ce sont toujours les mêmes solutions qui sont avancées : la production, la croissance économique. Nous voulons proposer avec “Moins!” des pistes de solutions alternatives. »
Yvan Luccarini, rédacteur de la nouvelle revue suisse « Moins ! » (24 heures, 7-9-12). Site de la revue ici.
Bernard Legros, auteur de L'enseignement face à l'urgence écologique, éd. Aden, 2009 (Le Républicain Lorrain, 26-8-2012)« Nous [les objecteurs de croissance] portons l’écologie politique qu’ils [Les Verts] ont abandonnée, au profit d’une sorte de capitalisme vert. On a vu leur attitude sur le nucléaire en France. On peut la voir aussi quand ils disent que les voitures propres existent, alors que les études montrant que les hybrides ont des impacts écologiques plus importants que les autres commencent à sortir. Finalement, ils ne remettent pas en cause ce modèle qui épuise les ressources naturelles à une vitesse folle. Ils utilisent à la place des concepts comme le développement durable inventé à Rio en 1992 et qui est une escroquerie intellectuelle. »
« La décroissance est un mouvement qui dit : “Un instant, ça suffit”. Les glaciers fondent. Nous émettons plus de CO2 et de méthane dans l’atmosphère que jamais. Nous consommons chaque année plus de ressources que ce que nous pouvons renouveler, et quant au pétrole, il n’y en aura bientôt plus. Vincent Cheynet [du journal La Décroissance] et ses amis citent volontiers Nicolas Sarkozy, l’ancien président, qui dit : “La clé pour la croissance et le développement, c’est l’appétit d’énergies”. Il dit : nous devons tout faire pour que ça continue comme avant. Eux, disent : Si l’on continue comme avant, il n’y aura bientôt plus rien. »
Trois pages de l'hebdomadaire Der Spiegel sont consacrées à la décroissance en France dans son édition du 11 août 2012.
Chris Hedges, grand reporter aux Etats-Unis (New York Times, Harper’s, The New York Review...), prix Pulitzer, L'empire de l'illusion, éditions Lux, 2012
« Notre mode de vie est dépassé. Nous ne pourrons plus jamais nous vautrer dans la consommation à outrance et nos enfants n’atteindront pas notre mode de vie. Notre avenir est sombre et c’est une réalité. (...) Allons-nous écouter ceux qui, lucides et rationnels, nous enjoignent d’adopter un mode de vie simple et humble, ou suivre les démagogues (...) ? (...) L’idéologie capitaliste de la croissance illimitée a échoué. (...) Les innombrables conséquences de cette idéologie se conjuguent pour nous mener à notre perte. »
Pierre Gomdaogo Nakoulima, Professeur titulaire à l’Université de Ouagadougou et directeur du Centre d’étude pour la promotion, l’aménagement et la protection de l’environnement (CEPAPE), (lire la suite)
« Dans ce que je dis, il ne faut pas croire que la préoccupation environnementale c’est nous (les pays du Sud) qui devons faire les plus grands efforts, c’est aux pays du Nord de réduire leur niveau de vie. Les auteurs qu’on appelle objecteurs de croissance nous disent qu’il faut que le Nord accepte de réduire son niveau de vie pour que les pays du Sud espèrent voir la leur s’élever. Ces objecteurs disent que la croissance qui est le maître-mot de l’économie est une aberration, parce que nous ne pouvons pas avoir une croissance illimitée dans un monde aux ressources limitées. Il faut donc aller vers une décroissance, mais la décroissance ce ne sont pas les pays du Sud. La décroissance, ce sont aux pays du Nord qui sont les grands gaspilleurs d’accepter de réduire leur niveau de vie. »
« Notre vision à court terme est en train de se fracasser contre la réalité physique des limites de la planète. (...) La croissance économique va fatalement s’arrêter, elle s’est déjà arrêtée d’ailleurs »
Extraits : - « Comme environnementaliste, je trouve stupide l’idée même que des dizaines de milliers de personnes sautent dans l’avion pour rejoindre la capitale brésilienne, histoire de discuter de soutenabilité. » - « Tant qu’on ne cherche pas à résoudre l’inéquation entre la recherche perpétuelle de croissance économique et la limitation des ressources naturelles, je ne vois pas à quoi ça sert [les conférences internationales sur le climat] ». - « Avons-nous un moyen de maintenir le mode vie des pays riches ? Non. Dans à peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mémoire collective, on se dira : “Je me souviens, avant, il suffisait de sauter dans une voiture pour se rendre où on voulait”... » - « Les problèmes écologiques ne proviennent pas des humains en tant que tels, mais de leur mode de vie. » - « Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins. »
« Nous avons voulu l’ignorer mais la réalité est en train de nous rattraper. Préparer l’avenir suppose désormais d’oser affronter un des impensés majeurs de la modernité : l’idée même de limite. Le défi semblera insensé à ceux qui vivent depuis toujours, souvent par habitude plus que par réelle conviction, dans le culte de la croissance. »
Jérôme Anciberro, rédacteur en chef de Témoignage chrétien, 6-6-2012. Lire la suite.
« La consommation à l'occidentale, telle que nous la pratiquons encore, est déjà morte, et avec elle les hypothèses de croissance issues d'un passé révolu. Les craquements de la communauté internationale ne sont pas seulement financiers ou monétaires ; ils sont le signal d'un bouleversement du système de fond en comble. »
Philippe Dessertine, économiste, Sud Ouest, 2-6-2012. Lire la suite
« Les lois de la physique sont plus fortes que les lois de l'économie »
Kjell Aleklett, président de l'Association pour l'étude du pic de pétrole (ASPO), professeur de physique à l'université d'Uppsala en Suède, en ouverture de la conférence de l'association à Vienne (Autriche), 30 mai 2012.
« La croissance mondiale va s'arrêter »
Jean-Claude Guillebaud, journaliste, écrivain, Sud Ouest, 22-4-2012.
« C'est à son propos [la croissance] que nos candidats sont le plus embarrassés. Aucun n'ose dire à voix haute ce qu'on murmure un peu partout : la croissance ne reviendra plus en Europe. Avec ou sans l'austérité, nous sommes condamnés à une croissance minimale, voire nulle. La vraie question devient celle-ci : cette croissance envolée, au fond, était-elle si souhaitable ? D'un point de vue arithmétique, sans doute. Mais pour le reste ? Écologiquement, humainement, qui oserait prétendre que la fuite en avant consumériste, productiviste et gaspilleuse correspond encore à un dessein historique raisonnable ? Est-ce le monde que nous voulons construire ? Les vrais réalistes ne seraient-ils pas ceux qui proposent de changer la règle d'un jeu devenu perdant : vivre autrement, imaginer une autre société, promouvoir d'autres rapports humains. Juste derrière l'horizon électoral, ces questions fondamentales nous attendent de pied ferme. Tant mieux ! »
Pierre René Bauquis, Yves Cochet, Jean-Marc Jancovici, Jean Laherrère, Yves Mathieu, Le Monde, 22-3-2012
« Force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd'hui d'une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d'énergie et de ressources. L'urgence apparaît donc d'anticiper une inexorable descente énergétique. (...) Si cette transition n'est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l'image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés. »
Signer la pétition liée : http://tribune-pic-petrolier.org/
Christian Arnsperger, économiste à l'université de Louvain, Belgique. Libération, 19-3-2012, lire.
« L’urgence écologique d’une décroissance concertée et équitable s’imposait lentement à certaines consciences. Comme par enchantement, à ce moment précis, les excès de l’obligation de croissance inscrits dans notre système monétaire et financier ont donné lieu à un cataclysme économique d’une ampleur telle que la seule réponse - véritablement désespérée - qui ait la faveur des gouvernants est… une décroissance non concertée et injuste, maquillée sous le vocable de l’austérité. »
Pourquoi l'essence augmente en une image
Shéma publié en 2002 par Casseurs de pub
« Sortir de la société de croissance c'est sortir d'une société unidimensionnelle, de l'homo économicus... »
Serge Latouche, professeur émérite d'économie, sur Radio Vatican (7-3-2012)
« La dette publique n'est pas un problème dont on a sous-estimé la gravité. Elle est le pilier sur lequel est fondé la croissance dans la phase actuelle de l'histoire. Elle est indispensable pour continuer à faire croître la production des marchandises. C'est un choix consciemment poursuivi à l’unisson tant par les gouvernements de gauche que de droite, et ce dans tous les pays industrialisés. »
Lire le Manifeste du « Mouvement pour la décroissance heureuse » en Italie
Wolfgang Schaeuble, ministre allemand des Finances, a lancé, le 14 décembre 2011, un appel aux pays occidentaux à limiter leur croissance économique dans une tribune dans l'hebdomadaire Die Zeit.«Nous devrions (...) nous engager à limiter la croissance économique dans nos propres pays occidentaux (...) [l'Homme] a besoin de limites, qu'il ne veut en général pas reconnaître ».
«Tout autant que nous devons nous engager pour vaincre la faim dans le monde entier, nous devrions par ailleurs nous engager à limiter la croissance économique dans nos propres pays occidentaux (...) Le fait que nos taux de croissance ne rivalisent plus avec ceux des pays en développement comme la Chine, l'Inde, ou le Brésil, ne signifie pas que notre politique économique est un échec mais que nous avons déjà atteint un niveau de richesse certain pour une grande partie de la population, et que d'autres doivent encore atteindre cela. Nous devrions l'accepter (...) Les économies occidentales ont atteint un certain degré de saturation; dans cette situation, nos buts et nos devoirs résident avant tout dans le fait de contrôler les inégalités et les tensions qui en découlent. (...) [l'Homme] a besoin de limites, qu'il ne veut en général pas reconnaître ».
Václav Havel, ancien président de la République tchèque (1936-2011) Discours au Sénat du 3 mars 1999.« Il n’est vraiment pas indispensable de vénérer des veaux d’or, de courber l’échine à chaque pas devant leurs maîtres, de tout subordonner au diktat de la publicité et des médias, de se laisser piéger par toutes les innovations imaginables et possibles des biens de consommation, innovations qui ont pour seul effet durable le pillage des ressources naturelles, et la pollution atmosphérique. Il n’y a aucune raison de voir le sens de toute action humaine dans la croissance continue du produit intérieur brut »
« La décroissance aurait évité le pire »
par Alain Gras, anthropologue et sociologue, chroniqueur à La Décroissance, dans Le Monde du 1 décembre 2011.
« Les chrétiens doivent s'engager pour l'objection de croissance »
C'est la conclusion du colloque qui s'est déroulé du 18 au 20 novembre 2011 à Lyon intitulé « Objection de croissance et christianisme, quelles convergences, quelles divergences ? ». Lire le communiqué.
Source : http://www.decroissance.org/
Plus d'infos :
=> IEESDS, Institut d'Études Économiques et Sociales pour la Décroissance Soutenable