• Penser est devenu fondamental - Scott Peck

    Penser pour combattre le simplisme - Scott Peck

    [...] L'un des principaux problèmes auquels nous sommes confrontés en tant qu'individus et  en tant que société est de penser de manière simpliste - ou de ne pas penser du tout. Ce n'est pas seulement un problème parmi d'autres, c'est le problème.

    Vu les imperfections de notre société et l'apparente spirale descendante de nos valeurs spirituelles et morales ces dernières années, penser est devenu fondamental. C'est urgent aujourd'hui - et peut-être plus urgent que tout-, parce que la pensée est l'outil grâce auquel nous décidons et agissons sur toute chose dans un monde chaque jour plus complexe. Si nous ne commençons pas à penser comme il faut, il est fort probable que nous finirons par nous tuer nous-mêmes.

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    Penser est difficile. Penser est compliqué. Et penser est - plus que toute autre activité - un processus avec un sens, une direction, un laps de temps et une série de pas et d'étapes nécessaires pour obtenir un résultat. Penser correctement requiert un processus laborieux, parfois pénible, jusqu'à s'habituer à être "en réflexion". Puisque c'est un processus, la direction peut ne pas être toujours bien définie. Toutes les étapes, tous les pas ne sont pas linéaires, ils ne sont pas non plus toujours dans la même séquence. Certains sont circulaires et se chevauchent. Tout le monde ne cherche pas à obtenir le même résultat. Cela étant, pour penser correctement, on doit se garder des réflexions simplistes dans l'analyse des questions importantes.

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    La phrase souvent citée de Hamlet, "être ou ne pas être ? ", est une des ultimes questions existencielles de la vie. Une autre question concerne notre interprétation de cette existence. Je vais paraphraser Shakespeare en demandant  : "Penser ou ne pas penser ?" Voici l'ultime question destinée à combattre le simplisme. Et à ce point de l'évolution humaine, cela pourrait bien être l'exact équivalent d' "être ou ne pas être ?".

    De part ma pratique en tant que psychiatre et mes expériences et observations en général, je suis devenu familier des erreurs les plus courantes empêchant de penser correctement. L'une d'elle est, bien sûr, de ne pas penser du tout. Une autre consiste à utiliser une logique unidimensionnelle, des stéréotypes et des étiquettes pour élaborer des hypothèses de pensée. Une autre encore est de croire que la pensée et la communication ne réclament pas beaucoup d'efforts ou que penser est une perte de temps (ce qui est un effet particulier de la rage que l'on éprouve à voir s'accumuler les problèmes quotidiens dans le cadre d'une vie sociale stressante).

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    LE SIMPLISME ET LA SOCIÉTÉ

    Où que l'on pose son regard, les faits sont accablants. La pensée simpliste est devenue si courante qu'on la considère comme la manière normale et conventionnelle de voir les choses dans certaines couches de la population. [...]

    Nombreuses sont les institutions qui, parce qu'elles ne donnent pas l'exemple de ce que veut vraiment dire penser, préparent les gens à le faire de manière simpliste. Cette incapacité est imputable aux plus influentes de nos instititutions sociales, dont font partie bien souvent la famille, l'Église et les médias. Dans la mesure où elles exercent une immense emprise sur notre vie , les faux messages qu'elles nous communiquent sur ce qui est important dans la vie ne peuvent être pris à la légère. Parce qu'elles nous présentent comme justes certaines manières de vivre et de penser, ces institutions ont le pouvoir de nous tromper et de nous manipuler. Souvent, sans le faire exprès, elles propagent des demi-vérités, parfois même des contre-vérités, sous le couvert d'idées culturelles que nous considérons comme "normales" sans nous interroger davantage. Pour des raisons culturelles, nous postulons habituellement que, si tout le monde pense ceci ou cela, alors cela doit être normal et correct.

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    Dans ce bombardement de pensées unidimensionnelles, on nous dit de manière claire mais subtile ce que nous devons faire pour tenir notre place dans la société. On nous décourage de remettre en question ou de trier et encore moins d'affronter les mensonges du matérialisme. Si on veut paraitre normal, il faut simplement accepter de faire comme tout le monde. Et ce n'est pas seulement une question de pression ; bien souvent nous acceptons les mensonges de notre plein gré. Notre paresse - notre idolâtrie naturelle du confort - nous rend complices des mass media. Bien sûr, tout le monde n'est pas ainsi, mais nombreux sont ceux qui se font une opinion - même sur des questions importantes - en partant d'une information très limitée sur ce que la société leur indique comme étant "normal". Si on leur donne le choix, la plupart des gens préfèrent ne pas penser sérieusement aux choses. Ils choisissent la voie de la paresse, acceptant les préjugés et les stéréotypes simplistes. Dans leur quête d'intégration, pour se différencier des voisins, être sûrs d'avoir bien le même standing, ils sont la proie des mensonges et des manipulations des médias. Ils se sentent tenus d'acheter les céréales dont la publicité leur dit qu'elles préserverons leur santé, sans s'interroger sur la validité de ces affirmations. Ils fondent leur estime de soi principalement sur l'achat de voitures de luxe et d'autres biens qu'ils s'offrent au risque de se retrouver lourdement endettés.

    Source : Livre Au delà du chemin le moins fréquenté de Scott Peck, pages 11 à 24

    La conscience fragmentée, origine du mal ?

    Plus d'infos :

    => Résumé du livre Le chemin le moins fréquenté de Scott Peck

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