• Technologie et progrès - Célia Izoard

    Celia Izoard est journaliste au sein de la revue Z et de Reporterre. Dans ses enquêtes et ses analyses, elle élabore une critique des nouvelles technologies au travers de leurs impacts sociaux et écologiques. Son dernier ouvrage Lettre aux humains qui veulent robotiser le monde — Merci de changer de métier vient de paraître aux éditions de la Dernière Lettre.

     

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    => Article Célia Izoard, Les technologies bouleversent le quotidien pour mieux conserver le statu quo, 2017

    La « voiture autonome » n’est qu’un petit exemple, déclinable à l’envi à propos des robots, des capteurs, des objets connectés… Le coût humain et écologique de l’électronique est déjà insoutenable. C’est en partie du fait de sa voracité en métaux que la production mondiale de minerais, la plus ravageuse des industries, a bondi de 60 % entre 2000 et 2012. Les rapports alarmants se multiplient sur les pollutions irrémédiables des usines de circuits imprimés et de semi-conducteurs, en Chine, au Mexique, aux Philippines et ailleurs. Le volume de déchets électroniques jetés chaque année atteint plus de 40 millions de tonnes. Le développement exponentiel de l’infrastructure numérique a une lourde responsabilité dans l’augmentation effrénée de la consommation mondiale d’électricité, qui a bondi de 35 % entre 2004 et 2013. Que pèsent les prétentions écologiques des réseaux intelligents ou celles de l’agriculture de précision high-tech par rapport à l’impact écologique global de ces innovations ?

    C’est dans les laboratoires de recherche, publics et privés, que se joue la poursuite de cette déferlante kaléidoscopique de technologies qui révolutionne notre quotidien pour mieux conserver le système. C’est pourquoi les luttes anticapitalistes et écologistes doivent se donner les moyens de contester ces activités sans se laisser intimider par le prestige de l’activité scientifique. La recherche est actuellement dominée par un programme général d’artificialisation des conditions d’existence, et cela n’a rien d’inéluctable. La soif de connaissance des chercheurs qui, de plus en plus précaires et atomisés, subissent cette recherche productiviste en constante accélération, pourrait s’appliquer à toute autre chose qu’à développer l’intelligence artificielle, construire des êtres vivants génétiquement modifiés, fabriquer des robots, travailler à l’interconnexion généralisée ou créer des nano-objets. Mais pour cela, les programmes de recherches doivent cesser d’être un trou noir de la démocratie, socle intouchable des politiques de croissance, qu’elles soient néokeynésiennes ou néolibérales.

    => Article Le totalitarisme numérique de la Chine menace toute la planète - Célia Izoard - 6 janvier 2021

    Cela prêterait à rire si on ne retrouvait pas là mot pour mot les formules rassurantes qui entourent chez nous le déploiement des mêmes technologies : vidéosurveillance, biométrie, smart city, smart mobility — la centralisation des données en moins. Ces expressions toutes faites visent à maintenir une séparation purement théorique entre, d’un côté, la technologie, et, de l’autre, l’intentionnalité politique qui guiderait son déploiement. Mais existe-t-il vraiment une version « libérale » de cette infrastructure de big data ? Un monde « libre » où les millions de capteurs, de caméras, et toutes les données collectées ne serviront « qu’à » nous proposer de nouveaux services, à affiner le ciblage marketing, à nous bombarder de messages incitant à des comportements vertueux ?

    La plongée que nous offre Kai Strittmatter dans la Chine de Xi Jinping permet de comprendre que ce régime n’est pas une simple mise à jour high-tech de la dictature maoïste. Il est le fruit du croisement de deux idéologies totalitaires : le nationalisme hérité du maoïsme incarné par le Parti, et le techno-solutionnisme porté par l’industrie des nouvelles technologies du monde entier. Car ce dernier ne peut être réduit à un simple appareillage du pouvoir. Tout autant que le premier, il porte en lui une vision de l’organisation sociale et du devenir humain.

    […]

    Le totalitarisme numérique est installé en Chine, et cela nous concerne tous. Pas seulement parce que l’essentiel de nos objets matériels, ne serait-ce que par leurs matières premières ou leurs composants, sont issus d’une gigantesque prison à ciel ouvert où l’on n’a pas le droit d’écrire l’expression « pas d’accord ». Mais aussi parce que les élites économiques n’ont de cesse de vouloir « rattraper la Chine » en matière d’intelligence artificielle et de big data, et que l’on imagine difficilement à quoi pourrait ressembler, même sans le décorum autoritariste post-maoïste, une déclinaison démocratique de cette infrastructure de contrôle social.

    => Article Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie (Célia Izoard, 1er juillet 2020)

    En Europe, au cours des trente dernières années, les cancers de l’enfant ont augmenté de 1 à 2 % par an. En France, on recense 2 500 cas chaque année, 500 enfants en meurent. « 500 enfants par an !  Vous imaginez, si un accident de bus tuait chaque mois quarante enfants ? interroge André Cicolella. Le problème serait pris au sérieux ! »  

    Les enfants ne boivent pas et ne fument pas. C'est notre société industrielle (consommation, production, déchets, milieux de vie) qui est responsable de ces problèmes de santé.
    L'urgence de la décroissance...

    => Le site de la fondation Copernic

    Depuis 1998, la Fondation Copernic travaille à « remettre à l’endroit ce que le libéralisme fait fonctionner à l’envers ». Soucieuse de son indépendance et restant par principe hors du jeu électoral, Copernic n’est liée à aucun parti politique, aucun syndicat, aucune association, mais s’adresse à toutes les organisations politiques, syndicales et associatives, et surtout à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à l’ordre néolibéral.

    Par l’intermédiaire de ses groupes de travail (rassemblant des universitaires et des acteurs du mouvement social), dont les conclusions sont éditées sous forme de courts ouvrages argumentés (les Notes et Documents de la Fondation Copernic), Copernic prend part au débat public et tente d’apporter un autre éclairage sur les questions sociales et économiques. Résolument engagée auprès de toutes celles et ceux qui luttent pour une société moins inégalitaire, et de toutes celles et ceux qui en souffrent, Copernic diffuse de courts argumentaires (les Copernic-Flashs) et des Cahiers, destinés à outiller chacun-e, et pas seulement les militant-e-s, en arguments et en propositions alternatives. Réforme du droit du travail ou de la fiscalité, constitution européenne, réforme de l’assurance maladie, lois sécuritaires, retraites, dépendance, démantèlement des services publics ou de la médecine du travail, campagne pour l’eau publique, pour l’égalité des droits… A chaque fois, Copernic informe, analyse, propose.

    Cette année, la Fondation Copernic fête ses quinze ans et continue plus que jamais à croiser les regards de syndicalistes, d’associatifs, de fonctionnaires et d’universitaires, pour « remettre à l’endroit ce que libéralisme fait fonctionner à l’envers ».

    Après avoir été à l’origine du collectif « Non à la guerre en Irak », co-animé avec le Mouvement de la paix, après avoir lancé l’Appel des 200 qui amorça la campagne contre le Traité Constitutionnel Européen en 2005, la Fondation Copernic, avec Attac, a fortement contribué en 2010 (près de 500 réunions publiques en 5 mois) à la campagne unitaire pour défendre le droit à la retraite à 60 ans. Elle continue sa campagne « Travailler tue en toute impunité », pour que les employeurs soient enfin rendus responsables des conditions de travail des salariés. Aujourd’hui, Copernic participe au Collectif pour un Audit citoyen de la Dette publique et au Collectif pour un Pôle Public Financier en faveur des droits . Elle a également initié la campagne nationale unitaire actuelle contre le Logement cher, avec le DAL et la Plate-forme Logement des Mouvements sociaux.


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