• Un Airbus A320 s'écrase tous les 2 jours en Europe

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    Un Airbus A320 s’écrase tous les deux jours en Europe : c’est le triste bilan réalisé par la Commission européenne en matière d’insécurité routière.  

    Ces jours-ci, tous les médias focalisent leur attention sur le crash de l’Airbus A320 de Germanwings qui s’est écrasé dans les Alpes du Sud mardi matin. Vous pensez, 150 morts d’un coup, c’est une véritable catastrophe. Nous avons donc droit à une multitude d’articles de presse, de reportages télévisés ou radiophoniques, sans compter le défilé des politiques, ministres européens des transports, président de la république, chancelière allemande, etc.

    Hasard du calendrier, le même jour, à savoir le mardi 25 mars 2015, la Commission européenne publiait sur son site internet un communiqué de presse intitulé: « À quel point vos routes sont-elles sûres? Les statistiques de la Commission sur la sécurité routière ne révèlent qu’une légère amélioration en 2014. »

    Et ce communiqué de presse nous apprend qu’il y a eu un total de 25.700 tués sur les routes en 2014 dans l’ensemble des 28 États membres de l’Union Européenne. 25.700 tués, cela représente 70 morts par jour sur les routes en Europe.

    On peut donc dire qu’un Airbus A320 s’écrase tous les deux jours en Europe, quasiment sans bruit, dans un silence médiatique à peu près complet. Sur une année, cela représente environ 180 Airbus qui se crashent sur les routes européennes… Et on ne parle même pas des blessés graves, bien plus nombreux encore.

    La comparaison avec les statistiques européennes de l’insécurité routière paraît intéressante car le crash de l’avion en question est véritablement « européen ». Au départ de l’Espagne, il rejoignait l’Allemagne en passant par la France.

    Certains trouveront peut-être indécent de comparer ainsi les morts d’un accident d’avion et les morts liés aux accidents de voiture. Mais, où est véritablement l’indécence quand les médias et les politiques se mobilisent ainsi pour un crash ponctuel d’avion ayant fait 150 morts alors qu’ils sont bien silencieux quand il s’agit de la mort de 70 personnes tous les jours sur les routes européennes…

    On l’a vu récemment en France, l’insécurité routière est un sujet complètement abandonné par les politiques. En particulier, Ségolène Royal, « dont l’inexistence dans ce débat est flagrante, » s’est empressée de venir (en hélicoptère!) dans les Alpes du Sud suite au crash de l’A320.

    C’est le propre de la société du spectacle dans laquelle nous vivons. Il faut que les médias et donc les politiques alimentent au jour le jour la grande broyeuse médiatique. Tous les jours un nouveau sujet pour occuper l’espace médiatique, qui sera aussi vite oublié qu’il est apparu.

    70 morts sur les routes européennes « chaque jour », cela ne constitue pas un sujet digne d’intérêt pour la broyeuse médiatique. La répétition même du phénomène et sa régularité prédictive en font un sujet banal du quotidien. Tout au plus aura-t-on droit à un bref sujet une fois par an au moment de la sortie officielle des chiffres de l’insécurité routière.

    C’est le lot de certains types de mortalité, comme la mortalité routière, mais aussi les morts liés au diesel ou les morts liés à la pollution de l’air dans son ensemble. Il meurt tellement de gens chaque jour que cela n’a plus aucun sens, ni d’en parler ne de s’en préoccuper. On est au-delà de l’évènement médiatique exceptionnel propre à provoquer une émotion savamment calculée.

    Ce qui est bien pratique, car cela évite aux médias et aux politiques d’avoir à se saisir réellement du problème en posant pour une fois les bonnes questions.

    Source : http://carfree.fr/index.php/2015/03/27/un-airbus-a320-secrase-tous-les-deux-jours-en-europe/

    Un Airbus A320  s'écrase tous les 2 jours en Europe

    Plus d'infos :

    => Article Carfree Un anneau de mémoire pour les 680 000 civils morts sur les routes

    => Livre Écraseurs ! Les méfaits de l'automobile de Pierre Thiesset

    Un Airbus A320  s'écrase tous les 2 jours en Europe

     Un Airbus A320  s'écrase tous les 2 jours en Europe

    Écraseurs ! C’est ainsi que sont surnommés les automobilistes à la « Belle Époque ». Quand ils déferlent sur les routes, les chauffeurs suscitent l’épouvante et la réprobation. La population s’élève contre un luxe de nantis. Les machines puantes, bruyantes, trépidantes sont considérées comme destructrices, avec leurs vitesses dangereuses et la poussière qu’elles soulèvent. L’irruption de l’engin transforme les paysages, bouleverse le rapport au temps, aux autres et à l’espace. Mais des piétons réfractaires n’acceptent pas de se soumettre à la tyrannie motorisée, de se faire transbahuter dans des boîtes à métal et de respirer un air carbonisé. Ils refusent cette civilisation toujours plus mécanique, où les bipèdes et quadrupèdes sont chassés des rues par des chars à feu. Appels à restreindre le flot des « guillotines roulantes », à en finir avec la « folie du pétrole », sabotages, actions directes, auto-défense… sur la chaussée se joue une véritable lutte des classes. Oui, on a déjà tenté d’arrêter le progrès.

    « L’apothéose de l’Automobilisme ne saurait resplendir sans la formalité de quelques taches, dont l’une, et pas la moindre, s’appelle le Piéton. »

    « Qu’importe à ces gens-là que quelqu’un se trouve sur leur passage lorsqu’ils veulent faire du soixante, du quatre-vingts, du cent à l’heure ! Tant pis pour le malencontreux gêneur qui entrave leur circulation. On corne quelquefois, quand on veut être aimable ou généreux pour le passant. Et s’il n’est pas content, s’il n’a pas le temps de se garer en vous remerciant de votre prévenance, eh bien, c’est très simple : on lui passe sur le corps et on l’écrabouille ! »

    Écraseurs ! retrace la résistance méconnue menée contre la ploutocratie pétaradante. Il permet de se réapproprier une critique radicale d’une machine qui ne s’est imposée que depuis un siècle dans les sociétés industrielles, et montre que le développement technique ne s’est jamais fait sans oppositions.

    Cet ouvrage regroupe des articles de presse, des extraits de livres et des caricatures publiés entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Volontiers pamphlétaires, ils s’attaquent avec humour, émotion et radicalité à la déesse sur quatre roues. Avec le recul, leurs alertes se révèlent visionnaires.

    Anthologie établie par Pierre Thiesset.