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Une lecture sociale des accidents de la route - Le Monde diplomatique
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Après avoir augmenté de 3,5 % en 2014, la mortalité a crû de 2,3 % en 2015, pour atteindre 3 461 personnes. Et les premières estimations mensuelles de 2016 confirment cette évolution : on a enregistré une recrudescence des décès aux mois de février (+ 8,5 % par rapport à février 2015), de mars (+ 3 %) et de mai (+ 10 %).
Pour expliquer ce phénomène, les pouvoirs publics incriminent les conduites individuelles, comme si tous étaient égaux face aux accidents de la circulation. « Il appartient à chacun d’avoir conscience de sa responsabilité citoyenne et de réagir pour faire reculer le nombre de vies sacrifiées sur les routes », peut-on lire sur le site Internet du ministère de l’intérieur — dont dépend la direction de la sécurité et de la circulation routières (DSCR). Il appartiendrait donc à chacun de réfréner ses pulsions au volant, de ne pas boire, d’attacher sa ceinture, de respecter les limitations de vitesse, etc. Nul ne se risque à penser qu’un acte aussi personnel que la conduite d’un véhicule puisse être influencé par les inégalités sociales et que la hausse du nombre de morts puisse découler de la précarisation des classes populaires.
Pourtant, un accident de la route n’a souvent rien d’accidentel : il obéit à des régularités statistiques et demeure, indépendamment de son caractère singulier, le résultat prévisible de déterminations collectives. C’est un fait social qui ne se réduit pas aux agissements volontaires des individus.
[...] "source : l'article ci-dessous
Matthieu Grossetête est chercheur post-doctorant rattaché au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias (CARISM), Institut français de presse (IFP/Université Paris II), dans le cadre de la recherche financée par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et intitulée les Ressorts sociaux de la conversion écologique (RSCE)
Nicolas Renahy est chercheur à l’INRA (Dijon) depuis 2001 et chercheur associé à l’équipe Enquêtes, Terrains, Théories du Centre Maurice Halbwachs (Paris Jourdan). Sociologue du monde ouvrier, il s’intéresse à l’évolution des formes d’appartenances territoriales, notamment dans les espaces ruraux contemporains.
Site personnel : http://www.dijon.inra.fr/esr/pagesperso/renahy/Plus d'infos :
=> Le livre Accidents de la route et inégalités sociales. Les morts, les médias et l'état de Matthieu Grossetête
Aucun chiffre en France n’établit de corrélation entre le fait de mourir sur la route et le milieu social.
Cet angle mort statistique laisse à penser que l’accident de la route serait un phénomène lié au hasard ou au mauvais comportement des conducteurs.
Si la mortalité routière se donne à interpréter comme un phénomène individuel et aléatoire, cet ouvrage dresse, à partir de sources statistiques inexploitées, un constat bien différent : les groupes sociaux sont inégaux face aux accidents de la circulation.
La mortalité routière ne frappe pas au hasard, mais de façon prévisible. Elle résulte de déterminations collectives et constitue en ce sens un fait social.
L’enquête démonte, par contraste avec la réalité objective du phénomène, l’image non sociologique que construisent les responsables publics, les journalistes, les communicants et les associations.
Le regard que l’on peut porter sur le sujet change à la lumière de cet éclairage qui mérite d’être porté à la connaissance de tous, notamment à celle des conducteurs.
C’est l’objectif de ce livre qui espère modestement bousculer certaines évidences et secouer quelques consciences.=> Le site du journal Le Monde diplomatique
=> Le site de la Sécurite Routière
=> Article Un airbus A320 s'écrase tous les 2 jours en Europe
Tags : accidents de la route, automobile, mobilité, déplacements, route, machine, vitesse, ouvrier, prolétaire, employé, travail, précarité, société, santé